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S´habiller vodou en 2020

  • 28 juin 2020
  • 3 min de lecture

Par Mérès Weche

Depuis ma toute dernière publication sur la nouvelle mode sociale vodou à promouvoir, les demandes d´informations fusent de partout, en vue de sortir du folklorisme béat et d´endosser la nouvelle affirmation culturelle proposée. À ceux et celles qui m´ont appelé ou contacté via les réseaux sociaux, et qui sont sur place, à Montréal, je leur dis que le principe est celui-ciː on peut bien avoir déjà une robe ou une chemise à laquelle on tient beaucoup et qu´on voudrait garnir d´un dessin approprié à telle ou telle occasion ; dans ce cas précis, les nuances du dessin dépondront de la couleur du tissu, peu importe la texture. Pour celles et ceux de l´extérieur du Canada, les mesures et couleurs une fois connues, ainsi que la dévotion y relative, notre modiste s´occupe de la façon, et le tour est joué.

Les dessins et couleurs varient avec leur contenu idéographique, allant du type de vèvè, ainsi que des couleurs correspondantesː du blanc au bleu, du noir au violet, du jaune au rouge, et ainsi de suite. Il y va aussi des occasions pour lesquelles on les porte.

Pour se rendre à une soirée-vodou, par exemple, on peut s´habiller comme je le suis dans la photo, sans être pour autant un initié ; ce n´est pas un vêtement rituel, mais bien culturel. Il n´est pas contre-indiqué aussi de porter une telle tenue pour des funérailles, si on ne veut pas endosser veston à cravate, et pour certains, de plus en plus, le guayabera blanc. Cette tenue que je porte sied bien aussi pour un événement artistique ou mystique ; ainsi, elle peut être portée par un sympathisant ou un adepte du vodou, comme par un Directeur de musée, de galerie d´art, etc.

D´une façon générale, en Haïti, en Afrique Noire, ou ailleurs dans la Caraïbe et l´Amérique Latine, avant de se rendre á des funérailles, on pense souvent à se vêtir de noir, de blanc, ou des deux alternés. Cependant, en Europe, comme en Amérique du Nord - à l´exclusion des Italiens et Portugais -, ce n´est pas une convention obligatoire. Il arrive même que certaines familles de défunts demandent qu´on porte des couleurs vives, en rapport avec les goûts de la personne décédée. Et de plus, les couleurs du deuil diffèrent selon les pays et les cultures.

En France, autrefois, la reine portait le deuil de son mari en blanc, et le roi, celui de sa femme en violet. Cette pratique est restée dans la tradition de certaines familles bourgeoises, cependant, le noir y garde généralement son sens de deuil.

Sur le plan strictement religieux, si dans la liturgie catholique, c´est surtout le violet qui caractérise la messe des morts, dans le vodou, c´est tout le contraire, car comme religion polythéiste, chaque divinité y a ses couleurs particulières. Erzulie Dantor, par exemple - tout dépend du degré ou rite qui caractérise son “ service “, Rada ou Pétro -, elle peut demander du rouge, du noir ou de bleu royal. Quant à Ayida Wedo, l´épouse de Dambalah, elle vibre dans le blanc et le bleu de ciel. Successivement, pour Lasirèn, c´est le blanc ; pour Agoué, le bleu-vert ; pour Ayizan, le blanc ; pour Azaka Mede ou Kouzen, le bleu indigo et le rouge ; pour Legba, le blanc, le rose, l´orange et le noir ; pour Ogoun Feray, le rouge ; pour Bawon Sanmdi, le blanc, le noir et le mauve ; pour Grann Grann Brijit, sa femme, le blanc et le mauve. Pour biens d´autres Esprits ou lwas, y compris les variantes d´Ogoun, les couleurs varient entre le vert-pois et les nuances du jaune. Marasa est seul lwa qui s´accommode á toutes les couleurs, et c´est la raison pour laquelle les dernières manifestations multiethniques de Montréal étaient placées sous sa commande.

Mérès Weche

 
 
 

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