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HAITI ET L´INDE, DE LA CULTURE COMPARÉE

Photo du rédacteur: Mérès WecheMérès Weche

Par Mérès Weche

A partir d’un texte en anglais qui m’est communiqué par Vivane Nicolas.

Il existe des points de ressemblance entre le “Vèvè“ d´Haïti et le “Kõlam“ de l´Inde, en ce sens qu’ils sont tous deux des dessins stylisés, venus de la nuit des temps, c’est-à-dire longtemps pratiqués par des sociétés primitives. Les deux formes de pictogrammes partagent une structure décorative évidente, dans des tracés faits quasiment avec les mêmes matières issues de la nature. L´un et l’autre se réalisent avec des produits, tels que la cendre, la farine de riz, le maïs moulu, la poudre à café, et bien d´autres moutures de grains. Dans le cas du Vèvè, il arrive même qu’on utilise du charbon de bois pulvérisé, pourvu que les énergies y passent pour établir des liens entre les divinités et les possédés.

On croirait, à vue d´œil que l’esthétique du Kõlam est purement décorative, et que celle du Vèvè essentiellement “spéculative“, dans le sens de sa finalité philosophique et cosmique. Non, les deux possèdent un caractère “rituélique“ qui autorise chacune de ces sociétés à maintenir un lien étroit avec la nature, par le biais de ces figures, et à perpétuer des traditions ancestrales.

Dans les montagnes du Nilgiri, en Inde, d´une altitude de 2636 mètres, au sud du pays, plus particulièrement dans la jungle du Chennai-Madurai, les femmes font du ménage dans leur maison avant les premiers rayons du soleil et dessinent des Kõlam au pas de leurs portes. Ces dessins géométriques peuvent être des lignes assemblées en carrelage, des cercles concentriques, des labyrinthes, et souvent des fleurs, pour attirer dans leur demeure les faveurs divines, en vue du bonheur et de la prospérité.

En plus de cette esthétique structurelle que partagent le Vèvè et le Kõlam, ils sont tous deux des canaux de transmission de messages à la Grande Nature, des métaphores de la coexistence des espèces créées par le Grand Architecte de l´Univers. Si, pour les adeptes du Vodou, les lwa assurent le lien entre le “Grand Maître“ et les humains, pour ceux du Brahmanisme, il existe des “divinités“, tel un Bhûdevi, par exemple, qui en jouent le même rôle.

Dans son livre “Feeding a Thousand Soulsː Women, ritual and Ecology in India, an Exploration of the Kõlam “, Vijaya Nagarajan, professeur au Département de Théologie et Études religieuses de l´Université de San Francisco, soutient que les Hindus ont une “obligation karmique“ de faire des offrandes aux âmes disparues. Par des rituels, leur journée doit débuter par un geste de générosité envers leurs ancêtres. Dans le Vodou, il existe aussi des “devoirs“ courants à remplir envers les “sa m pa wè“ , ne serait-ce qu’en partageant avec eux le café du matin.

Pour revenir au geste auguste du “tracé géométrique“, commun aux Vèvè et Kõlam, les deux ont ce même souci de perfection de la forme, avec la seule différence que, dans le Vodou, les épures ne s’exécutent qu’en situation cérémonielle, plus précisément sous la dictée des lwa, caractérisés par des signes distinctifs.

Il est à souhaiter que s’introduise dans le cursus de l´Université d´État d´Haïti un Département de Théologie et d´Études religieuses, fondé sur la recherche, non uniquement ethnographique, concernant les groupes humains, et ethnologique, relative aux manifestations sociétales, comme c’est le cas actuellement, mais tourné vers la théodicée et ses pratiques. Le rituel vodou s’inscrit dans un déterminisme “religieux“ qui fait appel à des rapports de cause à effet, indispensables à la compréhension de la société haïtienne.



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