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Konpè Filo, entre Bawon Lakwa et Papa Zaka

Photo du rédacteur: Mérès WecheMérès Weche

Par Mérès Weche

Konpè Filo vient de faire la grande culbute. Il y a une semaine, je lui avais envoyé ces deux images dans sa boite Facebook, pour lui dire que ses traits m’avaient grandement inspiré dans leur réalisation, non seulement sur le plan iconographique, par rapport à sa barbe blanche, mais aussi concernant l’intériorisation de ces deux figures emblématiques du vodou dont il m´avait longuement parlées peu avant notre interview, en 2017, à Radio Ginen. La nouvelle de son décès m´est tombée dessus comme un couperet, et j’en suis tout à fait renversé.

Bawon Lakwa, acrylique et pastel sur toile, 30 “ x 36 “

La mémoire de Konpè Filo est saluée avec déférence, sur les ondes de Radio Quisqueya, par de nombreuses personnalités de la presse haïtienne, ainsi que par plusieurs amis et connaissances, et il faut s’attendre à des pluies de sympathie venant de partout, car Filo a été un homme de bon commerce, apprécié dans tous les milieux sociaux pour son amitié sans fard et son humeur essentiellement communicative.


Anthony Pascal, alias Konpè Filo

Mes relations personnelles avec Konpè Filo n´avaient rien à voir avec la presse, en dépit du fait que nous étions deux confrères journalistes, dans les années 70-80. Nos rapports étaient plutôt d’ordre spirituel, basés sur les valeurs patrimoniales haïtiennes. Son mode d’être et d’exister, caractérisé par la banalisation des biens périssables, faisait de lui un original d’allure typique aux yeux du commun des mortels, cependant il n´y avait rien de folklorique dans sa mise habituelle de paysan, sinon qu’un souci de figuration de certaines divinités du vodou, en particulier, Kouzen Zaka, son modèle de vie, en pensée et en acte. Il faisait sien le caractère éminemment généreux de ce lwa, en pratiquant toute sa vie l´esprit de service et de partage.


AZAKA MEDE, sur T-shirt

Konpè Filo me disait être sûr qu´en transitant il irait tout droit dans les lieux éternels du vodou où résident les dieux tutélaires de la nation. Il croyait dur comme fer qu’ils veillent nuit et jour sur le pays, et qu’ils interviennent en sa faveur dans les moments les plus difficiles, comme par ces temps macabres du covid 19 ; la survie du peuple haïtien, me confiait-il au téléphone, est assurée par eux, contrairement aux constats alarmants dans la République voisine. Konpè Filo était convaincu que le renouveau d´Haïti viendrait du vodou, comme ce fut le cas à sa fondation. Il suffit, précisait-il, que sa quintessence, faite d’intériorité, de générosité et d’amour soit mise à profit au plus haut niveau de la “chose publique“. En ce dernier jour du mois de juillet 2020, Konpè Filo, ce grand adepte du “vodou-ginen“, a fait le grand saut, comme bien d’autres l’ont fait avant lui, mais il aura vécu ce que vivent les grands initiés, bien imbus de leur foi, dans une pratique menée, sans jamais se désemparer. Que les dieux l’accueillent dans leur séjour bienheureux ǃ

Mérès Weche Montréal

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