La touche vodou dans les arts universels, dans la Haute Couture comme dans la joaillerie
Par Mérès Weche
Mon expérience comme professeur d´histoire de l’art et de dessin de mode à l´École de Haute Couture Verona en Haïti m’avait permis de remonter à l’Égypte ancienne, ainsi qu´à l’ancienne Byzance, pour voir l’évolution des tissus et de la mode, à travers le temps, en termes de créativité et d’affirmation culturelle. Le livre illustré que j’avais écrit spécialement pour mes élèves leur permettait d’apprécier les anciennes tenues éthiopiennes, portées par la reine de Saba, et adoptées au pays de Salomon, telles que le drapé éthiopien, le haik d´Isis, et bien d’autres d´une somptuosité légendaire. Émeraude Michel, qui a un exemplaire de ce bouquin à Montréal, m’avait permis, il y a quatre ans, de revenir sur cette publication, qui devrait être rééditée.
En effet, l´histoire du costume remonte à la plus lointaine antiquité noire. Ce sont les invasions barbares qui ont permis à l´Occident de savoir s´habiller et utiliser le parfum, car jusqu´au XVIIIe siècle de notre ère, à défaut de se “toiletter“, les femmes européennes portaient sur elles des fleurs odorantes pour pouvoir sentir bon.
Il est venu le temps pour les femmes noires d´aujourd’hui d’être conséquentes avec elles-mêmes, en cessant de se blanchir la peau pour ressembler aux blanches, pendant que ces dernières dépensent des millions dans les saunas pour se bronzer, c’est-à-dire pour se rapprocher de la peau noire. Mesdames, les Noires de toutes les nuances, sachez que le fort taux de mélanine que vous avez le sang est un cadeau de la Nature, et que de plus, vous jouissez d´une capacité unique de reproduction de vos gènes avec quelque autre nuance de peau qui soit, par croisement sexuel; c´est scientifiquement prouvé. Et cela va de soi que les Blancs redoutent que par vous, la race noire puisse être, à l´avenir, en supériorité démographique sur la planète. Permettez-moi d´emprunter cette expression à un culte religieux, pour vous direː “Réveillez-vous ǃ“, car c´en est le temps.
Mon enseignement, en matière de dessin de mode, consiste à amorcer un retour aux sources, pendant qu´une grande maison de Haute Couture à Paris avait déjà sorti, ces dernières années, une griffe printanière d’inspiration vodou. Il est de même pour des faiseurs de bijoux qui ont trouvé de riches inspirations dans les vèvès. À part les lignes de ces pictogrammes du vodou haitien, déjà recommandées par Tiga, pour la conception d´un art moderne haïtien, elles se prêtent aussi à l´architecture, en particulier dans le fer-forgé et les dentelles bois. Pourquoi pas dans la Haute Couture, en sortant du folklorisme “ carabela-gros-bleu “, pour une affirmation sociale de salon avec des toiles plus fines. C´est ainsi et seulement ainsi que la “ négritude “ quittera les livres, en tant que vœu pieux, pour s´illustrer dans la vie de tous les jours. On aura rendu un très bel hommage à nos indigénistes.
Mérès Weche
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